Ventrifuge - Extraits
C'est parmi ces chevaux-là
C'est parmi ces chevaux-là
leurs regards hennissent vers une lointaine mer
ou parmi ces chiens qui s'inventent des laisses
l'herbe des prairies
à labourer
à renier
celle
si verte si pure si drue des pelouses
propriétés privées
comment
comment ne pas être hanté châtré par. les barrières
la nuit
au lieu de recenser les étoiles
nous les encensions
silencieux silencieuses
leurs crinières qui nous cherchaient
hurlions-nous parfois de caresses perdues
nous convaincre que seul le sel de nos prunelles
s'épanchait
sur la toile du ciel
comment
comment résister à cette lie du rêve
qui adoucit notre naissance au petit jour
comment oser l'appeler poussière et l'écraser
pour ne pas perdre la face
dans l'implacable et peut-être fausse lumière
les uns ont étouffé ce galop qui leur désarçonnait l'épaule
l'ont foulé
et d'une dernière ruade
l'ont oublié dans une plaie de la haie
i!s comptent aussi maintenant
ils comptent sur leurs doigts
sur leurs bras
d'autres l'ont mis au pas
ils trottinent parfois de joie sans arrière-pensée
les nuages sont verts
nous les lâches n'avons pas osé
lui avons ôté les brides
aiguillonné même de larmes d'alarmes
nous parlons de tempes mais ne pouvons abandonner nos larmiers
nos sabots pèsent davantage sur le sol qu'ils cherchent à éviter
et si souvent furieusement nous le frappons
qu'il se dérobe
si les naseaux tendus
nous usons notre temps notre regard par-dessus la clôture
au lieu de ruminer paisiblement
si nous n'épargnons pas nos soupirs qui ébranlent toute notre bouche
si nous croyons naïfs qu' ils entraveront leur triste digestion
c'est qu'il s'ébroue encore souvent dans notre poitrail
c'est qu'il s'ébroue encore souvent dans l'enclos de notre poitrine
ce cœur frénétique
nourri dans un haras
d'un foin beaucoup trop rare
oui c' es.t parmi ces chevaux-là
ils brament leurs regards après une certaine mer
leurs sabots gémissent de seimes
c'est bien parmi ces chevaux-là
les chiens quant à eux vivent à l'aise
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Chez les chevaux
Chez les chevaux
là-bas sous les tropiques
seuls quelques-uns ont osé les audacieux
s'allonger démesurément le cou
pour atteindre les nuages
étouffer les orages
pour perdre parmi les étoiles leurs yeux si lumineux
et leurs jambes se sont étirées douloureusement
fatiguées de se tendre constamment sur la pointe des pieds
qu'importe si la distance s'est à peine rétrécie
cette hauteur
permet de dominer de voir venir
de savoir la mer de savoir les îles
et puis ces feuilles sur la peau
même les oiseaux parfois se trompent
les autres
par peur du ridicule par crainte de la difformité
n'ont rien tenté
qu'il est grisant de galoper par la savane
sans chercher d'où naît le vent
sans chercher à comprendre le soleil
étaient-ils avertis du danger
pouvaient-ils imaginer mouvement plus aérien que le leur
es girafes ne galopent plus elles planent presque
si élégantes si changées
que personne n'oserait croire à cette histoire
tête basse
ils se taisent les zèbres
ils savent que ce n'est pas une légende
ils ont beau se regrouper se coaliser
ils ont beau s'encourager se lécher
la terre aime trop pour ne pas laisser de marques indélébiles
ce n'est qu'au milieu des hautes herbes
qu'ils peuvent cacher leur déchéance
qu'ils peuvent faire croire à leur peau blanche
ce n'est qu'au milieu des hautes herbes
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